Malgré le passage de la caravane de sensibilisation sur l’Acte III de la Décentralisation à Sangalkam et Bambilor, les populations n'en connaissent rien ou presque. De toutes les personnes interrogées, seules quelques unes ont pu donner des informations relatives à cette réforme en phase de formulation.
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Photo du ministre de la décentralisation et quelques membres du gouv |
Assis devant une boutique à coté de l’école primaire de Sangalkam, Assane Sène, enseignant de profession, ne connait aucun point sur cette troisième réforme liée à la décentralisation. Ce quadragénaire n’est même pas au courant que la caravane est passée par Sangalkam. A quelques mètres de lui, se trouve un monsieur qui est en pleine discussion sur l'agriculture. Il se nomme Amadi Diongue, vendeur de produits phytosanitaires. Comme Assane, M. Diongue aussi n’en sait pas plus. Sauf que lui garde encore le sens de décentralisation entendu comme le transfert des pouvoirs de l’Etat à des personnes morales (entreprises…) vers d’autres localités.
Contrairement à eux, Mamadou Barry n’est pas profane en la matière. Cet environnementaliste et vice coordonnateur du mouvement "Vision alternative" a eu la curiosité de surfer sur Internet pour se faire une idée de la réforme. Selon lui le passage de la caravane de sensibilisation sur l’Acte III à Sangalkam n’a été qu’un meeting déguisé. « Le problème est qu’ici, les populations ne sont pas impliquées. Par conséquent, elles ne sont au courant de rien. Le drame est que beaucoup de chose se font en douceur sans leur consentement. Par exemple, elles ne sont en phase avec le nouveau découpage administratif dépouillant cette localité de ses vingt huit anciens villages dont Keur Ndiaye Lô, Kounoune, Diakhaye, Niacourab, Niaga, Tivaoune Peul, Dény Nord, Dény Sud, Mbambilor, Keur Daouda A Sangalkam, Diack Sao... » ajoute-t-il.
L’ignorance de cette réforme est plus sentie chez les femmes. Ces dernières la prennent avec beaucoup de légèreté. Khady Tiandoum, chef du quartier Saliou Tiandoum, ignore le contenu de cette réforme et affirme qu’elle n’a pas assisté à la cérémonie de sensibilisation organisée à Bambilor sous la présence de Omar Youm, ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales. Pareil pour ces femmes en pleine séance de formation en savonnerie et de composition d’eau de javel. Ces dames prétendent avoir entendu les échos mais n’y prêtent pas attention. Mais dans l’assistance, une dame s’approchant de nous lentement, demande la raison de la visite et l’identité de l’organe de presse avant d’accepter l’interview. Khady Seck est la présidente du réseau des femmes des 4 C (quatre communes : Sangalkam, Bambilor, Niaga-Tivaoune Peul et Diakhaye-Niacourab). Elle estime que cette réforme n’est pas en soi mauvaise puisqu’elle a l’ambition de corriger les disparités économiques d’une collectivité à une autre. « L’apport des ressources aux collectivités locales à travers les fonds de garanties est une bonne chose pour nous les femmes. Nous voulons juste qu’elle rentre en vigueur » estime-t-elle. Selon elle, à SangalKam, les femmes ne sont pas impliquées dans les instances de décisions. « Elles ne servent que pour la propagande et pour la massification » rouspète-t-elle.
Ce groupe de jeunes rassemblés dans un sédiment abonde dans le même sens. Ils y ajoutent que tout est politisé dans cette ancienne communauté rurale. Selon eux, le message de la caravane n’est pas bien reçu car il y a eu plus de tintamarre que de conscientisation.
Le chef de village interpelé sur cette situation, la met dans le compte des analphabètes et de la politique politicienne. Selon lui, la caravane est passée dans toutes les communes sauf que la cérémonie a eu lieu à Bambilor. Cette dernière a été choisie car elle concentre les vingt deux villages. « La cérémonie a duré trois heures. Elle a regroupé des imams, des étudiants, les conseillers ruraux… Quinze cars ont quitté Sangalkam avec à leur bord des dizaines de personnes venues assister à la manifestation ». Par ailleurs, il a démenti la non implication des autochtones dans la gestion des affaires. «Au moment de votre arrivée, j’étais en réunion de sensibilisation avec le collectif des étudiants pour un programme agricole et sanitaire ». A Bambilor, comme à Sangalkam, les réalités du terrain sont pareilles.