Cheikh Anta Diop |
« L’Egypte antique est nègre ». Cette phrase
est de l’éminent intellectuel sénégalais, Cheikh Anta Diop. A travers cette
thèse, cet homme qui ramait à contre-courant de la communauté scientifique de
l’époque avait suscité un tollé sur le plan international. Son nom avait, en
effet, dépassé nos frontières. Pourtant, chez lui, il est méconnu par bon
nombre de jeunes, même dans son village natal où il repose depuis 1987.
Une cour immense, sans même un arbre où les élèves
peuvent s’abriter, des classes qui sont au nombre de quatre, des toilettes bien
propres, voilà le décor de l’école élémentaire de Thièyetou. Dans cette zone de Bambey, une rubrique dans l’enseignement primaire est consacrée aux
figures historiques de Chaque village. A Thièyetou, elle s’adresse à
Cheikh Anta Diop dont le mausolée se trouve sur la place centrale appelée pinthie en wolof. La classe de CM1 a un
effectif pléthorique. Les élèves sont au nombre de 100, répartis en quatre
rangées. Ils s’assoient à six par table.
A notre arrivée, ils se lèvent brusquement pour lancer ce « Bonjour, Monsieur, bonjour Madame !
» qui est sorti de la bouche de tout écolier, au cycle primaire. Ils en savent
très peu sur cette figure emblématique.
Pour l’instant, ils ne connaissent que sa date et son lieu
de naissance, le nom de sa mère et celui de son père. Mais, les enseignants approfondiront
leurs connaissances dans les classes suivantes. Moustapha Kane, un élève de la
classe est très brillant. Ce garçon est
en avance sur ses camarades. Que sait-il de plus sur Cheikh Anta Diop, à part
ce qu’il a déjà appris en Classe ? Il lève audacieusement le doigt
contrairement aux autres pour répondre : « C’était un grand savant et un professeur ». En dehors
de leurs maîtres, personne, au village, ne leur parle de lui, même pas leurs
parents.
Ce volet du programme scolaire local est très judicieux car certains enseignants,
n’ont connu l’histoire du grand homme qu’à leur arrivée dans cette école de
Thièyetou, son village natal. « Nous
puisons notre documentation dans le mausolée où des documents sont mis à la
disposition des visiteurs. Nous mettrons
ensuite cette connaissance à la portée des élèves », avoue l’un d’eux.
Au-delà de la journée de commémoration organisée tous les
7 février, aucune autre activité, qu’elle soit culturelle ou religieuse, n’est
dédiée à Cheikh Anta Diop. Par ailleurs, cette école est très pauvre en matériels
didactiques. Elle ne reçoit aucune aide au nom de Professeur qui a consacré sa plume à la défense de l’identité de
l’Afrique. Pourtant, des personnalités de tous les horizons (Américains,
Français, Camerounais, etc.) y viennent pour visiter son mausolée ou recueillir
des témoignages auprès de la population. Ses enfants, selon certains habitants,
s’intéressent plus au volet sanitaire qu’à celui de l’éducation. Est-il
acceptable que le village d’un des plus grands intellectuels de l’Afrique, notamment
du pays, soit aussi en retard sur le plan
éducatif ?
Marame Coumba Seck
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